Épargner par précaution
L’une des conclusions majeures de l’enquête est l’augmentation significative de la part des Français envisageant d’épargner davantage. En 2025, un record de répondants prévoit de renforcer leur épargne, tandis que la proportion de ceux anticipant d’y puiser diminue de manière marquée. Cette dynamique de précaution se reflète dans les chiffres : 59 % des répondants indiquent que la principale raison de leur épargne est la sécurité et la prévoyance. Ce besoin d’épargne est encore plus marqué parmi les personnes n’ayant aucun produit d’épargne spécialisé (68 %).
Cependant, ce réflexe de précaution n’est pas seulement le fruit d’une gestion de l’épargne personnelle, mais aussi de la pression économique. En effet, malgré un ralentissement économique persistant, la moitié des Français jugent que leur pouvoir d’achat a baissé en 2024. Cette perception est particulièrement ressentie chez les plus de 50 ans et les ouvriers, qui représentent une grande majorité des personnes ayant vu leur pouvoir d’achat diminuer.
Une génération plus jeune face à des choix divergents
Parmi les 1 000 répondants à l’enquête, les moins de 30 ans sont les plus enclins à percevoir une diminution de leur pouvoir d’achat, avec 43 % d’entre eux affirmant que leur situation financière s’est dégradée en 2024. Toutefois, parmi ceux qui estiment que leur pouvoir d’achat a augmenté, la majorité (22 %) ont moins de 35 ans, ce qui souligne un contraste générationnel. En effet, cette catégorie semble moins affectée par les préoccupations liées à l’épargne immédiate et privilégie davantage les opportunités de consommation.
Quant à la préférence entre épargner et dépenser, la tendance montre un retournement : après plusieurs années où la consommation immédiate dominait, les Français semblent plus enclins à opter pour l’épargne. Selon l’enquête, 38 % des répondants ont donné une note de 0 à 4/10 sur leur préférence à épargner plutôt qu’à dépenser, soulignant ainsi un tournant dans les mentalités.
Une préférence pour des produits d’épargne plus sûrs
L’une des tendances marquantes de cette année est la volonté des Français de privilégier des placements plus sûrs, avec une préférence notable pour des investissements peu risqués. Environ 49 % des répondants se déclarent plus attirés par des produits qui rapportent peu, mais qui sont sûrs, notamment les plus de 60 ans et ceux qui détiennent uniquement un livret A. En revanche, une part plus réduite (33 %) préfère des placements à haut rendement, même si ceux-ci comportent un risque plus important. Cette tendance est particulièrement visible parmi les jeunes de moins de 35 ans et ceux ayant un patrimoine financier conséquent.
Une épargne immobilière qui reprend de l’intérêt
Avec la légère diminution des taux d’intérêt, les Français semblent se détourner des placements moins liquides pour privilégier des options plus sécurisées, dont l’immobilier. En effet, 47 % des répondants n’envisagent aucun changement dans leur stratégie d’épargne face à l’évolution des taux d’intérêt, principalement des retraités et des plus de 50 ans. En revanche, 39 % des moins de 35 ans et 36 % des CSP+ sont prêts à épargner sur des placements mieux rémunérés, même si cela implique de ne pas toucher à leur épargne pendant plusieurs années.
L’épargne retraite : une tendance en léger recul
Le produit d’épargne retraite, qui avait connu une croissance continue depuis sept ans, connaît un léger recul en 2025. La hausse des préoccupations liées à la dépendance (21 %) et au soutien financier à la famille (19 %) semble reléguer la préparation à la retraite au second plan, bien que ce dernier objectif demeure une raison importante pour détenir un produit d’épargne. La stabilité et la souplesse restent les maîtres mots de l’épargne retraite, mais la conjoncture économique moins favorable a nuancé l’enthousiasme des Français pour ce type d’investissement.
La fiscalité, un critère clé dans les choix d’investissement
Un autre facteur notable est l’intérêt des Français pour des produits d’épargne peu taxés, notamment dans le cadre des successions. 48 % des répondants privilégient les placements faiblement taxés pour leurs héritiers, tandis que seulement 33 % optent pour des placements plus rentables, mais fortement taxés. Cette tendance s’explique par une volonté de transmettre un patrimoine à moindre coût fiscal, et surtout par la préoccupation grandissante de maintenir une certaine sécurité financière face aux aléas économiques.
Pour consulter l’enquête dans son intégralité : Les Français, l’Épargne et la Retraite. [1]
À lire aussi :
- Les épargnants français et l’épargne : une histoire d’amour qui dure !
- Le Plan Épargne Retraite (PER) : une révolution durable pour l’épargne à long terme.
Notes :
[1] 1 000 personnes de 18 ans et plus représentatives de la population française ont été interrogées en ligne du 3 au 7 janvier 2025.
Christian-Olivier Kajabika
Rédaction des Experts du Patrimoine (Village des Notaires)