L’engagement climatique des assureurs-vie
Le rapport de Reclaim Finance souligne que la majorité des assureurs-vie français ont pris des engagements pour atteindre la neutralité carbone ou contribuer aux objectifs de l’Accord de Paris [3]. Sur 25 assureurs analysés, 24 se sont engagés à cesser les nouveaux investissements dans des entreprises développant des mines de charbon. Cependant, ces engagements ne s’appliquent pas uniformément à tous les secteurs des énergies fossiles. Par exemple, deux tiers des assureurs-vie peuvent encore investir dans des entreprises développant de nouveaux champs de pétrole et de gaz. Parmi eux figurent des géants comme le Crédit Agricole Assurances, AXA France Vie et Cardif Assurance Vie. Seuls deux assureurs, Suravenir et MACSF, ont pris des mesures pour cesser tous les nouveaux investissements dans les infrastructures pétrolières et gazières.
L’exposition des unités de compte aux énergies fossiles
L’analyse de plus de 8 000 unités de compte (UC) révèle une exposition significative aux énergies fossiles. Environ 63 % des UC contiennent au moins une entreprise développant des projets d’énergies fossiles, dont 22 % sont exposées à des projets de mines de charbon. Même les UC étiquetées « responsable », « durable » ou « vert » ne sont pas épargnées, avec plus de 55 % d’entre elles exposées à des développeurs d’énergies fossiles. Cette situation reflète un problème de greenwashing dans l’industrie de l’assurance-vie, où des produits prétendument durables soutiennent en réalité des industries polluantes.
Appels à l’action pour une réorientation des investissements
Face à ces constats, Reclaim Finance et Rift appellent à une réorientation des investissements des assureurs-vie. Ils demandent l’arrêt des nouveaux investissements dans des projets pétroliers et gaziers, y compris ceux liés aux infrastructures de transport et de stockage. Les engagements climatiques doivent être appliqués non seulement aux fonds euros mais aussi aux unités de compte. De plus, les pouvoirs publics et les régulateurs sont exhortés à sanctionner le greenwashing et à assurer la transparence des produits d’épargne. Ces mesures sont essentielles pour aligner les investissements avec une trajectoire de réchauffement limitée à 1,5°C et pour répondre aux attentes des épargnants, dont une majorité accorde une importance croissante à l’impact environnemental de leurs placements.
Notes :
[2] L’assurance-vie à l’ère de l’urgence climatique - Rapport publié le 5 juin 2024 par Reclaim Finance avec le soutient de Rift.
Ferroudja Saidoun
Rédaction des Experts du Patrimoine - Village des Notaires