Genèse de l’architecture ouverte
Avant la libéralisation des marchés financiers et le développement de l’informatique dans les années 80, les établissements financiers étaient relativement cloisonnés entre eux. De fait, les clients avaient des choix de placements relativement limités pour investir. Ils étaient habituellement (voire exclusivement) orientés par leur conseiller financier vers les fonds dits « maison », c’est-à-dire vendus sous la marque de leur banque ou de leur assureur. L’épargne investie était ensuite gérée par une société de gestion filiale de l’établissement commercialisant les fonds.
Rappelons qu’une société de gestion est une structure juridique indépendante strictement réglementée. Pour pouvoir exercer, elle doit disposer d’un agrément délivré par l’autorité des marchés financiers (AMF).
L’architecture ouverte est une conséquence du développement de la concurrence dans le secteur de l’investissement financier. Elle n’est donc pas arrivée par hasard !
L’investissement financier, comme toute activité humaine, est parfois ingrat. Ainsi, il est reconnu que peu de gérants arrivent à générer une performance constante sur la durée. Un fonds peut être performant sur une période puis décevoir.
Les intermédiaires financiers ont intégré progressivement dans leurs offres de placements des fonds issus d’autres sociétés de gestion pour éviter que leurs clients ne migrent vers la concurrence.
Pour éviter d’être « collé » avec des fonds décevants, l’architecture ouverte permet, au sein de la même enveloppe d’investissement, d’arbitrer facilement l’épargne vers les fonds les plus performants du moment.
L’architecture ouverte limitant aussi les risques de conflits d’intérêts dans le processus de commercialisation. Elle est petit à petit devenue le standard dans la gestion de patrimoine.
Quels sont les placements concernés ?
Aujourd’hui, la grande majorité des produits assurantiels (assurance-vie, contrats de capitalisation, épargne retraite individuelle (PERIN) et collective (PERCOL) et bancaires (PEA, PEA/PME et épargne salariale) sont proposés en architecture ouverte. Notons que l’épargne réglementée n’est par définition pas concernée par l’architecture ouverte.
Les avantages de l’architecture ouverte pour les investisseurs
L’architecture ouverte est aujourd’hui un élément structurant des politiques commerciales des établissements financiers avec pour objectif de séduire et de fidéliser le client.
L’architecture ouverte est tout à fait recommandée pour la construction d’une allocation d’actifs pertinente et diversifiée qui réponde aux objectifs d’investissement du client.
L’architecture ouverte favorise la transparence, car elle permet de comparer rapidement les fonds. L’investisseur a ainsi tout loisir d’analyser le niveau des frais et vérifier que les préconisations de placement correspondent effectivement à ses besoins.
L’architecture ouverte contribue aussi à une saine gestion des risques entre sociétés de gestion et les différents fonds proposés.
Enfin, l’architecture ouverte est évolutive au bénéfice des clients. L’intermédiaire financier peut à tout moment ajouter ou supprimer des fonds à sa gamme en fonction de leurs performances constatées.
Comment choisir dans l’univers de fonds proposés ?
L’architecture ouverte s’adresse à tous les profils de clientèle. Cependant, elle cible tout particulièrement les clients des family office, des gestionnaires de fortune et des conseillers en gestion de patrimoine.
Dans le cadre de contrats intermédiés en gestion conseillée ou sous mandat, le conseiller bancaire, le courtier en assurances ou le conseiller en gestion de patrimoine :
- détermine le profil de son client (connaissances financière et profil de risques, objectifs du placement et durée d’investissement) ;
- constitue son allocation d’actifs ;
- propose une sélection de fonds correspondant à l’allocation d’actifs ;
- procède aux arbitrages en lien avec les éventuelles modifications du profil du client et de ses objectifs.
Les contrats en architecture ouverte sont aussi accessibles en gestion libre. Dans ce cas, le client sélectionne lui-même les fonds qui vont composer son portefeuille financier.
Les conseillers et les clients utilisent des plateformes telles que Quantalys ou Morningstar pour analyser et comparer les fonds. Malgré les fonctionnalités de recherche avancée de ces sites, les phases de sélection et d’analyse des fonds sont parfois longues, fastidieuses et pas toujours optimales.
Les contrats en architecture ouverte sont en effet en mesure de proposer aux épargnants des centaines, voire des milliers de fonds différents. Ainsi, la principale difficulté est de faire un choix éclairé dans une offre aussi étendue.
L’arrivée de l’intelligence artificielle redonne ses lettres de noblesse à l’architecture ouverte.
Ainsi, les roboadvisors sont notamment en mesure de constituer quasi-instantanément une allocation d’actifs cible en sélectionnant les meilleurs fonds de la gamme (performance et coûts) tout en respectant le couple rendement/risque du client.
Les tâches fastidieuses de sélection et de comparaison des fonds sont à présent largement automatisées. Par ailleurs, la transparence des frais, qui est une exigence des autorités de régulation (AMF et ACPR) s’en trouve renforcée.
Ces évolutions positives vont dans le sens d’un meilleur service apporté aux épargnants et aux investisseurs.
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Les dernières évolutions du devoir de conseil en assurance-vie.
L’impact des frais sur le rendement des placements financiers.
Axel Masson
Rédaction des Experts du Patrimoine (Village des Notaires)