Bienvenue sur le site des Experts du patrimoine

Site de référence d’information juridique pour tout ce qui concerne les problématiques patrimoniales Notaires, professionnels de l’immobilier, de la gestion de patrimoine, de la banque, des finances et de l’assurance vous disent tout !

Nouveau !

Devenez auteur !

Retrouvez aussi l’actualité des legs et donations / rubrique associations

+ management des offices
Le notaire n'est pas une juridiction pour la CJUE

Le notaire n’est pas une juridiction pour la CJUE

Il peut paraître évident que le notaire n’est pas un juge. C’est pourtant le sujet de l’ordonnance de la Cour de Justice de l’Union européenne du 19 mai 2022 rendue dans l’affaire Frontera Capital SARL v. Deudores [1]. La CJUE a en effet dénié la qualité de juridiction à une notaire espagnole, concluant ainsi à l’irrecevabilité de sa demande de décision préjudicielle.

Pour rappel, la question préjudicielle permet à une juridiction d’un État membre de s’adresser à la CJUE lorsqu’elle ne parvient pas à trancher un litige en cours, afin que le juge communautaire se prononce sur la validité ou sur l’interprétation du droit européen [2].

En l’espèce, une notaire espagnole avait délivré, en 2015, des injonctions de payer européennes à plusieurs débiteurs résidents espagnols. L’autorité de l’organisation notariale en Espagne avait alors engagé des poursuites à son encontre et l’avait sanctionnée sur le fondement de la loi notariale espagnole. La notaire concernée, considérant que le règlement européen sur la procédure européenne d’injonction de payer [3] l’autorisait à délivrer de telles injonctions, a ensuite saisi la CJUE à titre préjudiciel.

Au soutien de cette saisine, elle affirmait que la procédure de question préjudicielle n’était pas réservée qu’aux juridictions, mais concernait aussi les professionnels du droit exerçant des fonctions juridictionnelles. En affirmant que « les notaires espagnols devraient être considérés comme exerçant une activité juridictionnelle en matière de recouvrement de créances pécuniaires », elle s’estimait ainsi habilitée à saisir la CJUE, l’enjeu étant que les notaires puissent valablement délivrer des injonctions de payer.

Pour déclarer la demande de la notaire irrecevable, la Cour de justice commence par rappeler les critères d’appréciation de la qualité de juridiction ouvrant droit à la saisine pour demander une décision préjudicielle, qui constituent un ensemble d’éléments tels que :

  • l’origine légale de l’organisme ;
  • sa permanence ;
  • le caractère obligatoire de sa juridiction ;
  • la nature contradictoire de sa procédure ;
  • l’application par ledit organisme des règles de droit ainsi que son indépendance.

Or elle a estimé que le contexte de cette affaire «  ne permet pas d’identifier l’existence d’un litige pendant devant la notaire concernée, dans le cadre duquel cette dernière serait appelée à rendre une décision de caractère juridictionnel  ». La notaire ne saurait être qualifiée de « juridiction » au sens du droit européen. En conséquence, elle n’est pas habilitée à adresser une question préjudicielle à la Cour, sa demande étant donc irrecevable.

Cette décision de la CJUE confirme ainsi, faute d’être considéré comme une juridiction, l’impossibilité pour le notaire d’adresser des questions préjudicielles au juge de l’Union européenne.

Alix Germain
Rédaction du Village des Notaires


Notes :

  • Le notaire n’est pas une juridiction pour la CJUE

Commenter cet article

Vous pouvez lancer ou suivre une discussion liée à cet article en cliquant et rédigeant votre commentaire. Votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé. Nous ne publions pas de commentaires diffamants, publicitaires ou agressant un autre intervenant.

A lire aussi dans la même rubrique :

La nécessité de conserver les testaments en original : une exigence indispensable pour les notaires

Au sommaire de cet article... I. Les écueils de la dématérialisation a. Authenticité et sécurité numériques des testaments b. Conservation des données à long terme c. Confidentialité et protection des données personnelles (...)

Lire la suite ...

Le registre des copropriétés, un outil au service de la politique du logement

Les obligations déclaratives Alimentée par les déclarations des représentants légaux (syndics) ou par les notaires, la base de données est un outil précieux de connaissance des copropriétés et de mise en œuvre des politiques publiques du logement. (...)

Lire la suite ...

L’étude géotechnique préalable, une obligation spéciale d’information d’ordre public

Les dispositions relatives à l’étude géotechnique ont été introduites par la loi ELAN 2018-1021 du 23 novembre 2018 suivie de son décret d’application 2019-495 du 22 mai 2019. Certains textes ont été modifiés ou abrogés par la suite et d’autres ont été (...)

Lire la suite ...

Les enquêteurs civils, partenaires méconnus des notaires pour la recherche des coordonnées des personnes

Dans notre société moderne où la mobilité et la dispersion des familles sont monnaie courante, retrouver les coordonnées des individus peut s’avérer un défi de taille, même pour les notaires chargés de régler des successions. Dans ce contexte, les (...)

Lire la suite ...