« Pour la première fois, la machine s’est mise en pause alors qu’elle affichait un dynamisme incontesté avec des progressions à deux chiffres en fin d’année 2019 et début 2020 ! » La phrase en dit long sur le caractère exceptionnel du moment que nous vivons et qui impacte le marché de l’immobilier. Celui-ci faisait pourtant état de performances notables, « dans l’ancien, le volume de transactions caracolait à + 11% pour l’année 2019 et affichait le même rythme de progression au 31 janvier 2020, pour atteindre 1 076 000 mutations avec des prix globalement orienté à la hausse, en Île-de-France comme en province. »
Considérant, à juste titre, que toute reprise sera conditionnée à la victoire contre le virus, la note se propose dans un premier temps de réfléchir aux implications de la crise sanitaire sur l’immobilier sur la durée. Puis elle envisage les scénarii possibles sur le plan économique, qui décidera des marges de manœuvre du marché de l’immobilier et de ses acteurs.
Sur le court terme, il s’agira surtout de « régulariser l’ensemble des actes concernés par ce décalage conjoncturel, dont le cours a été stoppé du fait du confinement. » Ce qui devrait mécaniquement amener à un effet rebond, si et seulement si l’ensemble des acteurs redémarrent de concert et que les déménagements sont autorisés. Le gouvernement a précisé dans un document adressé aux deux syndicats du secteur du déménagement que seuls ceux « ne pouvant être reportés » sont autorisés. Il s’agit selon Thierry Gros, président de la chambre syndicale du déménagement, « des déménagements qui concernent les femmes battues, les enfants en détresse, les logements insalubres ou la lutte contre le virus. » [1]
Sur le moyen terme, l’effet de rattrapage atteindra vraisemblablement ses limites, du fait de plusieurs facteurs : l’arrêt « quasi-brutal » qui s’est étendu sur plusieurs semaines, « l’inertie et les délais naturels du marché immobilier », le comparatif saisonnier avec les précédentes années devrait accentuer la faiblesse de la tendance estivale.
Bien plus floue, la perspective du long terme engage des considérations économiques, mais aussi sociales et psychologiques. L’optimisme est de mise sur une relance fin 2020 voire début 2021, mais sans le dynamisme de 2019. Une relance nourrie peut être par des utilisateurs qui se seront découverts de nouveaux besoins pour atteindre des conditions de vie optimales, comme la présence d’un jardin.
Les échos de la crise de 2008 nous renseignent sur la gestion de la crise actuelle dont le champ des conséquences est plus large que la précédente. Des enseignements ont été tirés d’après la note, sur plusieurs points :
- Comme le rappelle le Conseil Supérieur du Notariat, « la BCE a annoncé un plan d’urgence massif pour tenter de contenir les répercussions sur l’économie et le gouvernement français par son prêt garanti cherche à éviter aux banques de supporter le coût de la crise. »
- Néanmoins, il est possible que les banques « resserrent leurs conditions de crédit et réévaluent les dossiers les moins solides, notamment ceux des primo-accédants. »
- Par ailleurs, les taux d’intérêts demeurent très attractifs : le taux d’intérêt moyen des crédits nouveaux à l’habitat est au plus bas à 1,17%. La note constate que « l’immobilier reste une valeur refuge face aux autres placements. »
Les nombreuses interrogations autour du comportement des consommateurs, de la qualité de la reprise économique, laissent évidemment le champ du long terme sans réponse évidente. Il demeure toutefois que les effets collatéraux de la crise sur le tissu socio-économique, induisant des pertes d’emploi, et sur la confiance des ménages, les amènera à « différer leur intention d’achat. »
Pour finir, le CSN propose deux options : celle tout d’abord d’un épisode « relativement contenu dans le temps et dans son ampleur » où l’immobilier pourrait « assez vite reprendre un rythme de croisière, certes affaibli mais en restant relativement dynamique. » L’institution rappelle que des « effets de corrections géographiques » pourraient agir notamment « le recours massif au télétravail » conjugué au développement des moyens de communication efficaces qui « créent de nouveaux besoins ». Une donnée appuie cela : « 17% des franciliens ont quitté leur résidence pour rejoindre des lieux de confinement plus adaptés, plus grands et dotés d’espaces verts. »
L’autre option concerne cette fois un scénario du pire où « le confinement se prolonge ou se réitère et aucune réponse médicale n’est de nature à garantir l’absence d’un retour de la pandémie ». S’ensuivrait alors un chômage de masse, une baisse des revenus des ménages et une croissance en berne. Consécutivement, le volume des transactions baisserait tout comme les prix. Une action massive des pouvoirs publics pour soutenir l’économie est alors nécessaire, ce vers quoi semble tendre actuellement le gouvernement.
Retrouvez la note complète sur le lien suivant : https://fr.calameo.com/read/0051251984c00937bcc94
Par Simon Brenot
Pour la rédaction du Village des Notaires
Notes :