Pouvez-vous rappeler le rôle de l’association NCE ?
Jérôme Cesbron : L’association NCE a été lancée il y a 15 ans par plusieurs notaires qui pratiquaient le droit des affaires, le conseil à l’entrepreneur et à l’entreprise. À sa création, notre volonté était de motiver, accompagner et former les confrères notaires afin qu’ils s’investissent ou lancent une nouvelle branche d’activité dans ce domaine. Rappelons que le droit des affaires ne fait plus partie du monopole du notariat depuis longtemps. C’est en partie une des raisons de sa relative désaffection chez les confrères.
L’association a mis l’accent sur la formation et les échanges sur nos pratiques en droit des affaires. Il y a quinze ans, nous avons été les précurseurs dans la profession à proposer des webinaires. Nous avions tous les quinze jours, le jeudi matin, une heure de formation en webinaire. À l’époque, j’étais secrétaire général de l’association et je me souviens d’avoir envoyé par la Poste les caméras et des micros parce qu’aucune étude n’était équipée en matériel dédié. Heureusement, nous avons fait du chemin depuis !
Progressivement, nous avons communiqué en direction de nos clients finaux, les chefs d’entreprise, afin qu’ils nous identifient comme interlocuteurs aussi légitimes et compétents que nos autres confrères du droit. En effet, en droit des affaires, nos concurrents directs sont les avocats d’affaire et dans une moindre mesure les cabinets d’expertise comptable.
Lorsque nous accompagnons un chef d’entreprise et sa société, nous avons une approche globale qui englobe à la fois les problématiques de la personne physique dans ses besoins privés, patrimoniaux, familiaux et celles de la personne morale.
Nous sommes la profession qui a la meilleure visibilité et la meilleure connaissance du client dans sa globalité. C’est vraiment la valeur ajoutée que le notaire en droit des affaires peut apporter à ses clients chefs d’entreprise.
Pouvez-vous nous préciser les services offerts à vos adhérents ?
J. C. : Notre offre de services est avant tout une offre de formations. NCE est labellisée Qualiopi depuis la fin de l’année dernière, ce qui nous permet d’une part d’avoir une vraie légitimité comme concepteur d’offre de formations à destination de nos adhérents, mais aussi de proposer des formations plus élaborées, à destination d’autres professionnels. Le contenu des formations est validé par le CSN. Ainsi, les heures suivies peuvent être comptabilisées dans les obligations de formation annuelles.
Nous n’avons pas vocation à faire des cours théoriques. Nous motivons nos adhérents à partager leur savoir-faire et leurs pratiques. Nous voulons être le plus pragmatique possible et le plus proche de la réalité du terrain. Sur certains thèmes spécifiques, nous faisons parfois intervenir des professeurs, voire des notaires qui ne font pas partie de l’association.
Lien vers les formations proposées par NCE depuis septembre 2023.
Nous menons régulièrement des actions de communication à destination des chefs d’entreprises. Grâce à des partenariats, notamment avec Fidroit et Fiscalonline, nous offrons aussi à nos adhérents un accès à différents services et des abonnements à tarif préférentiel, voire gratuits.
Notre forum « questions réponses » rencontre également un grand succès. Cette approche très pragmatique, basée sur des cas particuliers et très concrets, répond clairement aux besoins de nos adhérents. Notre fonctionnement en réseau permet aussi à nos confrères d’être accompagnés et de rompre l’isolement. Clairement, nous sommes là pour les motiver à se lancer en droit des affaires !
Quel est le montant de la cotisation ?
J. C. : La cotisation annuelle est fixée à 1 400 € hors taxes. C’est une adhésion par étude. Les formations, par exemple, peuvent être suivies par plusieurs associés ou par les collaborateurs de l’étude. La cotisation est rentabilisée très rapidement, surtout lorsqu’on la compare avec le coût des formations externes. En effet, nous proposons 35 à 45 heures de formation habilitées FORMACEN à nos adhérents.
Une étude adhérente à NCE doit-elle en parallèle obtenir le label Notaire Juriste d’entreprise (NJE) ?
J. C. : Il y a en effet des liens très proches entre la démarche de labellisation NJE et l’association NCE. Le label NJE a été créé par le CSN, à l’initiative et sur proposition du président de NCE de l’époque. Tous les formateurs du label étaient issus de l’association. Ce sont toutefois deux démarches bien distinctes.
NJE est un label proposé par le CSN qui consiste à suivre un cursus de formation d’un an décomposé en une douzaine de journées. À l’issue de la formation, l’étude obtient le label et a le droit de communiquer dessus. Ensuite, NCE intervient avec son catalogue de formations et nous offrons à l’étude labellisée NJE la possibilité de respecter ses obligations de formation continue en droit des affaires.
La situation conjoncturelle de l’immobilier pousse-t-elle davantage d’études à vouloir adhérer à NCE ?
J. C. : Effectivement, à chaque crise de l’immobilier, nous notons un nouvel afflux d’adhérents. L’adhésion à l’association permet de développer le champ de compétences des études, mais n’a pas pour but de remplacer le socle de base de l’activité.
Deux cent cinquante adhérents, c’est peu par rapport au nombre total d’études, mais nous sommes une association parmi les plus importantes de la profession. Pour nous, c’est déjà un très beau résultat !
En termes d’implantation géographique, nous épousons globalement celle du notariat dans sa globalité, mais avec une différence importante : Paris est plutôt sous-représenté par rapport aux territoires. Nous expliquons cette sous-représentation de Paris par le poids de l’immobilier. Nous y trouvons également la plus forte concentration d’avocats d’affaires et la concurrence y est un peu plus rude en droit des affaires. Au-delà de cette spécificité, nous disposons d’un maillage territorial large.
Nous avons un objectif de continuer à croître raisonnablement, mais sans objectif chiffré. Nous avons des systèmes de parrainage et nous comptons beaucoup sur le bouche-à-oreille de nos adhérents pour nous faire connaître davantage.
Quelle est la valeur ajoutée du notaire par rapport à d’autres professionnels du conseil aux entreprises ?
J. C. : Souvent, la rédaction des statuts des sociétés a été faite de manière trop stéréotypée et n’est pas toujours pertinente. Par exemple, les clauses d’agrément, de transmission aux enfants et les clauses de démembrement de propriété sont parfois à revoir. Notre valeur ajoutée se situe dans la relecture des statuts et leur éventuelle modification pour les adapter à la situation réelle de nos clients. Nous pouvons aussi apporter une valeur ajoutée aux clients dans l’anticipation de la transmission de l’entreprise.
Comment développez-vous votre présence auprès de vos futurs clients, les entrepreneurs ? Êtes-vous prescripteur ?
J. C. : Tout d’abord, avec les entreprises, nous avons déjà des partenariats et souhaitons en développer encore plus. Par exemple, nous travaillons avec Mobilians, syndicat des professionnels de l’automobile.
Nous avons noué tout récemment un partenariat avec l’assureur AG2R. Ce partenariat développera notre présence sur le territoire auprès des chefs d’entreprises, notamment dans le cadre d’interventions communes auprès de nos publics respectifs, le but étant de promouvoir l’interprofessionnalité dans le conseil au dirigeant. Quand nous sommes amenés à fournir un conseil et dans le cas où le chef d’entreprise bénéficie déjà de conseils par ailleurs, nous travaillons évidemment de concert. Sinon, nous pouvons éventuellement l’orienter vers l’un de nos partenaires.
Qu’est-ce qui vous a incité à vous lancer dans les podcasts ? Avez-vous déjà un retour sur l’audience de votre premier podcast d’avril ?
J. C. : Nous avons tous constaté qu’il s’agit d’un média émergent et d’un mode de communication moderne et efficace. NCE a énormément de contenus dans son stock de formations, ce qui facile grandement la tâche pour proposer des formats en podcasts. Nous avons diffusé début avril le premier épisode intitulé « La paix économique ». Le deuxième épisode, « Les mutations économiques des modèles du web » a été diffusé le 14 mai. Enfin, le troisième épisode « Philanthropie : la mutation de l’entreprise » est sorti le 02 juillet.
Pour l’instant, nous avons fait le choix de partir sur une diffusion mensuelle. Nous venons tout juste de démarrer et l’avenir nous dira si cette périodicité est suffisante.
Site de l’association Notaires conseil d’entreprise.
Propos recueillis par Axel Masson
Rédaction des Experts du Patrimoine (Village des Notaires)