Dons des particuliers : les Français sont-ils généreux ?

Évolution des dons en 2023

En 2023, les dons des particuliers ont totalisé plus d’1 milliard d’euros, affichant une croissance de 2,1 % en euros courants par rapport à 2022. Cette hausse est remarquable compte tenu du contexte économique difficile marqué par une inflation élevée de +4,9 % selon l’Insee. En prenant en compte l’inflation, les dons ajustés en euros constants affichent cependant une baisse de 2,4 %, illustrant l’impact significatif de l’augmentation du coût de la vie sur le pouvoir d’achat des donateurs.

L’analyse plus fine des montants des dons révèle une tendance préoccupante : les dons ponctuels de moins de 150 euros ont diminué de 2,7 % en euros courants par rapport à l’année précédente. Cette diminution est encore plus marquée pour les dons inférieurs à 50 euros, qui ont chuté de 8,1 %. Ce déclin des petits dons, particulièrement significatif depuis 2022, est attribué à l’augmentation des coûts de la vie, notamment de l’énergie et de l’alimentation, qui contraignent les ménages à réduire leurs contributions caritatives.

Cette tendance à la baisse des petits dons révèle également un changement structurel dans la générosité en France. En 2004, les dons de moins de 150 euros représentaient 72 % de la collecte totale. En 2023, cette proportion a chuté à 42 %, indiquant que les ménages plus aisés deviennent les principaux contributeurs. Ce changement structurel est également observé dans la répartition des modes de don. Les dons par prélèvement automatique, par exemple, ont progressé de 4,3 % en 2023, atteignant 45 % de la collecte totale, contre seulement 16 % en 2004. Cette hausse des dons réguliers est un indicateur favorable pour les organisations caritatives, car elle témoigne d’une confiance et d’une fidélité accrues des donateurs, permettant aux organisations de mieux planifier leurs actions sur le long terme.

Impact de la digitalisation sur les dons d’urgence

Les dons d’urgence ont joué un rôle significatif en 2023, représentant 4,4 % de la collecte totale. Cette part importante est principalement due à l’engagement des Français face aux catastrophes naturelles, notamment les séismes en Turquie-Syrie et au Maroc. En comparaison, les dons d’urgence pour la crise ukrainienne en 2022 ont représenté 4,6 % de la collecte totale et ceux pour la pandémie de COVID en 2020 ont représenté 5,6 %. Ces chiffres montrent que les Français sont prêts à se mobiliser rapidement et de manière significative en réponse à des crises majeures.

La digitalisation des dons a également connu une augmentation notable. En 2023, les dons en ligne ont augmenté de 12,3 % par rapport à 2022. La part des dons en ligne dans la collecte totale des dons ponctuels a ainsi atteint 30 % en 2023, contre 20 % en 2019. Cette progression est attribuée à une digitalisation accrue des pratiques de collecte des organisations caritatives et à une familiarité croissante des Français avec les outils numériques. De plus en plus d’organisations ont investi dans des plateformes en ligne et des campagnes de collecte digitales, facilitant ainsi le processus de don pour les contributeurs.

La montée en puissance des dons en ligne reflète également une évolution des habitudes des donateurs. La facilité d’utilisation des plateformes en ligne, la rapidité des transactions et la possibilité de donner à tout moment et en tout lieu ont rendu le don plus accessible. De plus, la pandémie de COVID-19 a accéléré la transition vers le digital, poussant de nombreux donateurs traditionnels vers des solutions en ligne. En conséquence, les organisations caritatives ont intensifié leurs efforts de digitalisation, développant des stratégies de communication numérique et des campagnes de collecte ciblées pour atteindre un public plus large.

Les dons par prélèvement automatique ont également connu une progression significative. En 2023, ces dons ont augmenté de 4,3 % en euros courants par rapport à 2022, représentant désormais 45 % de la collecte totale, contre seulement 16 % en 2004. Cette hausse des dons réguliers par prélèvement automatique est un signe positif pour les organisations caritatives, qui témoigne d’une confiance et d’une fidélité accrues des donateurs, permettant aux organisations de mieux planifier leurs actions sur le long terme.

Solidarité et engagement des hauts revenus

Le Baromètre de la Solidarité 2023, mené par Ipsos pour Apprentis d’Auteuil, montre que malgré une baisse de leur pouvoir d’achat, les Français restent solidaires. Le nombre de donateurs s’est maintenu en 2023 à 51 %, augmentant d’un point par rapport à l’année précédente, et le montant moyen des dons a légèrement augmenté pour atteindre 371€, soit une hausse de 38€. Parmi les Français aux très hauts revenus (plus de 120 000€ de revenus par foyer et par an), 81% ont effectué des dons en 2023, un record en cinq ans, et 83 % prévoient de renouveler ce geste en 2024. Le montant moyen de leurs dons a atteint 2 686 €, soit une augmentation de 314 € en un an.

Les causes prioritaires pour les dons en 2024 incluent l’aide aux plus démunis (38 %, +6 points), la santé et la recherche médicale (37 %, -1 point), la défense des animaux (28 %, +3 points) et l’enfance, la jeunesse et l’éducation (24 %, +4 points). Les situations d’urgence sont moins citées cette année (17 %, -5 points), mais ces intentions peuvent rapidement évoluer en fonction du contexte, comme observé en 2022 avec un pic de 33 % après le début de la guerre en Ukraine.

Près de la moitié des Français sont informés que le plafond de déduction fiscale des dons est passé à 1 000 € en 2020, un levier puissant encourageant la générosité. Ce taux de notoriété a augmenté de 4 points en un an et de 20 points par rapport à 2020.

Les Français restent inquiets pour leur avenir (59 %, -3 points) et pour celui des personnes précaires (87 %). La principale motivation pour augmenter les dons est liée aux besoins croissants des associations (48 %) et à des prises de conscience individuelles (37 %). En parallèle, ceux qui prévoient de diminuer leurs dons sont moins nombreux qu’en 2022 (26 %, -13 points), citant principalement la baisse de leur pouvoir d’achat (50 %, -7 points) et la peur de l’augmentation des prix (36 %, -5 points).

Notes :