Vos papiers de famille vous ont peut-être donné le rappel de quelques noms et de quelques dates, mais il s’agit en général d’éléments relatifs à vos ancêtres directs (parents, grands-parents). Si vous n’avez rassemblé que peu de documents ou si vous souhaitez déjà remonter plus haut ou noter des collatéraux, il faut aller à la rencontre de vos grands-parents, de vos grands-oncles ou grands-tantes les plus proches, tant qu’ils sont encore de ce monde.
Interrogez tous les anciens
Il est rare aujourd’hui, avec la mobilité voire l’éclatement des familles, qu’on trouve des personnes pouvant citer de mémoire les cousins jusqu’à la cinquième génération ou bien les noms de jeune fille de toutes les « branches rapportées ». Aussi ne faut-il pas hésiter à aller interroger tous les anciens de la famille, car les propos de l’un complèteront les propos de l’autre.
N’oubliez pas que vous bénéficiez d’une chance extraordinaire que n’ont pas eu les généalogistes du passé : la longévité de vos cousins. De 1950 à nos jours, l’espérance de vie a augmenté de treize ans. Si vous avez ainsi des parents proches qui ont 70, 80, 90 ans, ils peuvent vous parler de personnes âgées qu’ils ont connues dans leur enfance, ce qui peut vous faire remonter oralement jusqu’aux années 1850.
Prenez rendez-vous
Dressez la liste des personnes âgées de votre famille que vous connaissez, même si vous ne les avez pas revues depuis le mariage du cousin Christian en 1988. Si vous n’avez pas leur adresse, demandez-la à des parents qui les connaissent bien. Dans tous les cas, appelez-les pour prendre rendez-vous et alignez-vous de préférence sur ce qu’on vous propose plutôt que d’imposer votre date. Cet appel préalable a plusieurs buts :
il constitue une reprise de contact courtoise, s’il y a des années, voire des décennies que vous ne vous êtes pas vus ;
il vous permet de présenter votre démarche et le but exact de votre visite. Rassurez-vous, une recherche généalogique est toujours bien perçue (sauf secret de famille épouvantable !) car les gens aiment bien parler de leur passé et des disparus qu’ils ont pu connaître et aimer ;
il permet à la personne âgée de rassembler tranquillement ses souvenirs avant votre rencontre : photos d’autrefois, albums de cartes postales, voire livrets de famille ou lettres, journal et documents déjà écrits par un arrière-grand-oncle érudit.
Arrivez « équipé »
Bien sûr, vous pouvez arriver avec des fleurs ou des chocolats. Mais, sur le plan pratique, ne venez pas les mains vides sans papier, crayon et appareil photo. Vous pouvez éventuellement faire un enregistrement numérique sur disque dur, puis sur carte mémoire, mais ne le faites pas sans avoir prévenu votre interlocuteur et obtenu son accord, car souvent, l’appareil impressionne la personne âgée qui a du mal, du moins en début d’entretien, à se concentrer et à parler naturellement. D’ailleurs, êtes-vous sûr que c’est si pratique et que vous réécouterez chez vous les trois heures d’enregistrement ?
L’appareil photo vous permettra de garder trace des documents ou des photos qu’on vous montrera, sans avoir à demander qu’on vous les prête, ce qui est toujours délicat. Préférez le numérique : vous visualisez tout de suite la qualité des prises de vues et vous pouvez photographier de très près sans crainte de constater après coup que l’image est floue, trop sombre, trop claire...
Quant au crayon et aux feuilles de papier, c’est bien sûr pour noter tous les éléments généalogiques qu’on va vous indiquer.
Sachez prendre des notes
Les gens ne sont pas des machines, les personnes âgées encore moins. Ne vous attendez donc pas à une restitution linéaire alignant les ancêtres et les cousins en rangs généalogiques serrés… C’est à vous de guider l’entretien lorsque vous en arrivez au cœur de votre visite. C’est à vous aussi de savoir prendre des notes claires, que vous pourrez réorganiser et mettre au propre facilement ensuite.
Le plus simple est de commencer par la personne elle-même puis ses parents avant de lui faire récapituler tous ses frères et sœurs par rang d’âge ; puis ses grands-parents et tous ses oncles et tantes par rang d’âge ; puis ses arrière-grands-parents et tous ses grands-oncles et grands-tantes par rang d’âge ; etc. jusqu’au plus haut point dont elle puisse se souvenir. Rassemblez les porteurs du nom sur une même feuille et changez de feuille à chaque patronyme : vous ne pourrez déjà pas faire tenir les familles de ses quatre grands-parents sur un seul document.
Pour chaque personne citée, demandez non seulement des souvenirs de vie mais aussi des dates et lieux (de naissance, de mariage, de décès) qui vous permettront de rebondir ultérieurement vers des lieux d’archives.
Ensuite, reprenez dans l’ordre, en partant du plus lointain, tous les collatéraux : arrière-grands-oncles et tantes, grands-oncles et tantes, oncles et tantes pour finir par les frères et sœurs. Pour chacun, demandez les enfants, les époux des enfants, les petits-enfants, leurs époux, etc. Nous vous conseillons de continuer à prendre vos notes sur une feuille différente par patronyme et de conserver la même exigence de précision quant aux dates et aux lieux. Si la famille est très nombreuse, n’hésitez pas à prendre un deuxième, voire un troisième rendez-vous, plutôt que de fatiguer la personne qui vous reçoit.
Attention, la mémoire n’est pas infaillible. L’arrière-grand-oncle Urbain sera peut-être Armand pour l’état civil ou la date de naissance de l’arrière-grand-tante « vers » 1890 sera peut-être 1888. Mais l’ensemble vous donne déjà un véritable aperçu de « votre » famille : vos notes constituent ainsi un premier pas vers un arbre généalogique touffu ou vers une « cousinade » ultérieure, pour rencontrer en chair et en os tous ces noms de papier…
Conseil :
Si la personne interrogée ne se souvient plus d’une date, demandez-lui au moins un repérage dans le temps (l’année de l’exposition coloniale, l’année du décès du grand-père ou du mariage de la tante Berthe…).
Info :
Une femme sur deux dépassera maintenant 85 ans. À ce rythme, une fille sur deux née cette année vivra centenaire.
Article initialement paru dans le Journal du Village des Notaires n°61