Pourquoi une Alliance pour le logement ?
L’Alliance pour le logement a été créée en septembre 2023 et regroupe dix fédérations professionnelles du secteur de la construction et de l’immobilier. Ainsi, la Fédération française du bâtiment (FFB), l’Union sociale pour l’habitat (USH), la Fédération nationale des agents immobiliers (FNAIM), la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), le pôle habitat de la FFB, le promoteur Procivis, l’union des syndicats de l’immobilier UNIS, l’Union nationale des notaires employeurs (UNNE), l’union nationale des architectes (UNSFA) et l’union nationale des économistes de la construction (UNTEC) ont souhaité unir leurs forces pour peser dans le débat public et faire entendre leur voix et expertises dans le cadre de la construction d’une véritable politique du logement.
Les problématiques identifiées ayant motivé la création de l’Alliance étaient les suivantes :
- l’urgence logement ;
- l’importance du lien emploi-logement ;
- un nécessaire contrat social ;
- l’attente de mesures concrètes et visibles ;
- l’amélioration permanente du cadre de vie ;
- la réussite de la planification écologique ;
- le soutien aux ménages, notamment modestes, et aux bailleurs ;
- des efforts collectifs pour la décarbonation ;
- un besoin de cohérence dans la durée ;
- des investissements en matière de formation.
Le logement fait-il les frais de l’instabilité gouvernementale ?
Depuis 2022, trois ministres du logement se sont succédé au 246 boulevard Saint-Germain :
- Olivier Klein entre le 4 juillet 2022 et le 20 juillet 2023 ;
- Patrice Vergriete entre le 20 juillet 2023 et le 11 janvier 2024 ;
- vacance du poste entre le 11 janvier et le 8 février 2024 ;
- Guillaume Kasbarian depuis le 8 février 2024.
Depuis le résultat des élections législatives, le gouvernement Attal « expédie les affaires courantes ». Guillaume Kasbarian reste donc ministre du logement jusqu’à la désignation de son successeur.
Dans ce contexte, la mise en œuvre urgente d’une nouvelle politique du logement n’est à l’évidence pas à l’ordre du jour. Le secteur devra attendre encore un peu…
L’impact de la crise immobilière pour les acteurs de la filière
À l’issue de sa conférence de presse du 24 juin 2024, la FNAIM a fait le point sur l’impact de la crise immobilière pour les professions relevant de son périmètre.
Ainsi, selon le syndicat des agents immobiliers, « une agence immobilière sur vingt-quatre a fait faillite ces douze derniers mois, un chiffre en hausse de 112 % en un an ». Les administrateurs de biens sont aussi touchés de plein fouet puisque « un administrateur de bien sur cent-dix a fait faillite ces douze derniers mois, un chiffre en progression de 35 % sur un an ».
Selon la FNAIM, « la hausse des défaillances est principalement imputable à la hausse soudaine des taux d’intérêt, au remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) et des charges aux URSSAF ».
La mauvaise conjoncture place les acteurs face à un mur : sans transactions, pas de chiffre d’affaires et donc impossibilité de payer les charges.
Le syndicat « maintient sa prévision de juin 2023 avec 1 400 défaillances d’agences immobilières en 2024 », ce qui représenterait le chiffre le plus élevé depuis 2009.
L’alliance pour le logement attend avec impatience la formation du nouveau gouvernement de pied ferme
Dans son communiqué de presse du 18 juillet, l’Alliance affirme que « chaque mois d’inaction coûte au secteur dix mille emplois ». Les professionnels ont ainsi voulu marquer les esprits et alerter sur les risques pour l’avenir des entreprises. Elle souhaite ainsi mettre le futur gouvernement face à ses responsabilités.
Les professionnels passent à l’offensive et « exigent un sursaut, car le logement constitue un secteur stratégique pour la France, au regard de son importance pour l’économie, l’emploi, la cohésion sociale et la transition écologique ».
Les professionnels demandent en « urgence la mise en place d’un plan pluriannuel construit avec eux parce que le logement est un secteur du temps long, qu’il s’agisse de construction ou de rénovation. Il n’y aura pas de réindustrialisation ni de plein-emploi sans une réflexion en matière d’aménagement des territoires ».
La période actuelle de flottement n’est malheureusement pas propice à la nécessaire prise de décisions politiques. Malgré cet environnement à l’évidence peu favorable, l’Alliance pour le logement souhaite rapidement « être reçue par le Premier ministre dès sa nomination, afin de relancer l’acte de construire à partir du Projet de loi de finances 2025 ». Elle rappelle aussi que « le logement constitue un secteur contributif en solde net au budget de la Nation ».
En conclusion, l’Alliance « compte également sur la nouvelle Assemblée nationale pour se saisir pleinement de ces sujets, et souhaite être auditionnée par les présidents des commissions des finances et des affaires économiques dès leur installation ».
L’Alliance pour le logement se positionne dès à présent comme un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et souhaite à l’évidence contribuer à l’élaboration d’une nouvelle feuille de route pour la politique du logement du pays.
Pour aller plus loin :
Communiqué de presse de l’Alliance sur le logement - site de la fédération Française du Bâtiment.
Communiqué de presse de la FNAIM - 12 juin 2024.
Axel Masson
Rédaction des experts du Patrimoine (Village des Notaires)