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ChatGPT et notariat

ChatGPT et notariat

Il est peu probable que vous soyez passé(e) à côté de ChatGPT, l’agent conversationnel (chatbot) développé par une start-up californienne (OpenAI). Le phénomène des IA génératives [1] agite… à peu près tout le monde depuis plusieurs mois ! La communauté juridique commence, elle-aussi, à s’exprimer sur le sujet. Les constats sont assez unanimes chez toutes celles et tous ceux qui ont eu l’occasion d’utiliser l’outil : la rapidité des réponses, leur justesse aussi, c’est vrai, sont assez bluffantes. Ses possibilités sont vertigineuses, même si les réponses sont régulièrement, disons pour le moins « fantasques », pour ne pas dire complètement erronées. Faisons un point sur l’usage au sein des offices notariaux.

Vous vous êtes peut-être, comme de nombreuses personnes, déjà posé la question des capacités de ChatGPT et consorts (Google Bard, Bing AI, Dall-E, Midjourney, etc.). Vous les avez peut-être même déjà testées ?

Cette histoire d’héritage inventée de toutes pièces par ChatGPT, qui a fait le buzz sur X (anciennement Twitter), ne vous a d’ailleurs peut-être pas échappé : un notaire du 94 relatait son expérience utilisateur face à une histoire très crédible d’héritage de louis d’or et digne d’un bon roman historique... [2] !

ChatGPT et notariat : aucun risque de remplacement !

Plus sérieusement, que l’on se rassure, de l’aveu même de ChatGPT, à la question « Peux-tu remplacer les notaires en France ? », le grand remplacement technologique n’a vraiment pas sonné… Aussi évident qu’heureux nous direz-vous ?
Voici sa réponse :

« en l’état actuel de la technologie, GPT-3 ou tout autre modèle de traitement du langage naturel ne peut pas remplacer complètement les notaires en France, ni dans aucun autre pays. Les notaires remplissent des rôles juridiques et professionnels complexes qui vont au-delà de la simple compréhension du langage.
(…)

Bien que les modèles de traitement du langage naturel aient fait d’énormes progrès et puissent être utilisés pour aider à automatiser certaines tâches de routine, ils ne peuvent pas remplacer les compétences et le jugement professionnel des notaires. De plus, les notaires jouent souvent un rôle de conseil juridique et de médiation dans des situations complexes, ce qui nécessite une compréhension profonde du droit et des enjeux particuliers de chaque cas.

Cependant, il est possible que la technologie continue d’évoluer et que des applications plus spécialisées puissent émerger à l’avenir. Il est envisageable que les notaires puissent utiliser des outils basés sur l’IA pour automatiser certaines parties de leur travail, ce qui pourrait leur permettre de se concentrer davantage sur des aspects plus complexes et stratégiques de leur rôle. Cependant, le rôle central des notaires en tant que professionnels du droit et de la gestion des transactions légales devrait persister. »

Au-delà des approximations sur les missions du notariat, l’ensemble est plutôt convainquant, non ? Et il est vrai que l’utilisation de technologies avancées et d’outils "boostés" à l’intelligence artificielle est désormais répandue, y compris dans notre écosystème juridique. Elle se déploie également dans d’autres secteurs, particulièrement dans l’immobilier [3] et le conseil en patrimoine [4].

ChatGPT et notariat : quel intérêt ?

Nous partageons le constat selon lequel ChatGPT peut être vu comme « un vulgarisateur du droit » [5] et qu’il représente, à ce titre, une opportunité de gagner du temps, pour formuler des réponses très acceptables à des questions non seulement simples, mais aussi (un peu) plus compliquées [6]. Mais il n’est pas prête à remplacer l’expertise des professionnels.

Cela étant, les IA génératives ne sont pas inutiles dans l’écosystème notarial. L’utilisation de technologies avancées et d’outils "boostés" à l’intelligence artificielle est désormais répandue, y compris dans notre écosystème juridique : l’IA dans la gestion des contrats, dans la recherche de jurisprudence, etc. ne sont que quelques exemples des possibilités proposées, notamment par la legaltech aux professionnels du droit, pour simplifier leur travail quotidien.

Aux dires de ChatGPT lui-même , la technologie peut être utilisée « dans de nombreux contextes pour aider à résoudre diverses tâches et problèmes », parmi lesquels :

  • la création de contenus écrits ;
  • la création de codes ;
  • la rédaction d’e-mail professionnels ;
  • l’assistance à la recherche en ligne ;
  • le support client (chatbot) ;
  • la traduction automatique ;
  • l’analyse de texte ;
  • la gestion de projets (planification, gestion des tâches, suivi des progrès) ;
  • l’assistance à la prise de décision (informations et analyses en finance, marketing, RH, etc.) ;
  • la formation, etc.

À lire, sur la formation :

Des gains de productivité sont en vue. Il est en revanche bien évident que les risques existent. Ils sont nombreux. Les inquiétudes sont là, les enjeux se déplacent. Avec une autre certitude : celle que d’autres garanties, particulièrement en termes de confidentialité, sécurité, de transparence, de contrôle et de responsabilités doivent être apportées.
Et, ce, particulièrement si l’on considère que 52% des personnes qui utilisent les IA génératives dans le cadre professionnel (et/ou personnel) le font sans en avoir informé leur supérieur hiérarchique… [7]


Notes :

[1Système capable de créer du texte, des images ou d’autres contenus (musique, vidéo, voix, etc.) à partir d’une instruction d’un utilisateur humain. Ces systèmes peuvent produire des nouveaux contenus à partir de données d’entraînement ( Source : CNIL, mai 2023, Intelligence artificielle : le plan d’action de la CNIL, www.cnil.fr).

[4Voir par ex. M.-E. Frénay, Placement : ChatGPT peut-il remplacer votre conseiller financier ?, Les Échos

[5G. Mahe, G. Haas, ChatGPT : pourquoi cette Intelligence Artificielle inquiète ?, https://info.haas-avocats.com.

[7Sondage Ifop pour Talan, mais 2023, Les Français et les IA génératives.

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