La situation de l’emploi évolue vite dans le secteur du notariat. En 2017 encore, beaucoup de personnel cherchait à bouger. Un phénomène auquel la Loi Macron avait d’ailleurs fortement contribué, puisque, dans l’attente des résultats, un certain nombre de diplômés multipliait les contrats courts et les intérims pour patienter durant cette procédure qui s’allongeait. Au terme des résultats, les élus du tirage au sort ont quitté leur poste, s’ils en avaient un.
Aujourd’hui, ce moment de fébrilité passé, il devient possible de mieux cerner la situation du recrutement en études de notaire. Du côté des nouvelles études, le paysage est contrasté, puisque beaucoup d’entre elles cherchent encore une clientèle suffisante, et ne songent pas du tout à recruter. Certaines tirent leur épingle du jeu et cherchent désormais à étoffer leur structure. Pour ces études encore fragiles, l’intérim représente une option à envisager, si elles doutent de la pérennité de leurs rentrées financières. Pour les études déjà en place, une évolution majeure du recrutement tient à la prise de conscience de la nécessité de fidéliser les nouveaux entrants. Elles ont ainsi tendance à faire davantage appel aux cabinets de recrutement pour du conseil en ressources humaines, car « les notaires, souligne Louise d’Amécourt, consultante chez TeamRH, n’ont pas toujours le temps nécessaire pour se consacrer au recrutement des collaborateurs, et les cabinets sont de plus en plus perçus comme une force pour recruter les meilleurs profils et pour être conseillé, une sorte de service RH externalisé ». Les études y trouvent le moyen d’améliorer les profils des postes qu’elles ouvrent, de mieux cerner le niveau adéquat de rémunération, de mieux sélectionner les candidats en fonction de leurs qualités propres ainsi que de leur compatibilité avec le fonctionnement et l’atmosphère de l’étude.
Pour les cabinets spécialisés en recrutement et intérim, le notariat constitue quoi qu’il en soit un monde singulier. Sur un territoire donné, le bouche-à-oreille joue une grande part dans les embauches, et la plupart des candidats connaissent ou se font une idée assez précise des études existantes. « Il arrive souvent, explique Marie-Laurence Arnould, consultante chez TeamRH, qu’un candidat que je contacte connaisse la structure pour laquelle je travaille, et sache qu’elle ne lui conviendra pas, en raison de la taille par exemple. Ce qui me permet de cibler ses attentes pour un contact futur ». Le pool de candidats lui-même n’est pas aussi facile à envisager que dans d’autres secteurs. « Il y a encore quelques temps, j’avais tendance à dire que le notariat fonctionnait comme un iceberg, où la partie invisible est bien plus grande que la partie immergée. Mais les choses évoluent rapidement, notamment grâce aux réseaux sociaux. »
Des fonctions disparaissent…
Certaines fonctions ne sont presque plus demandées. Il en est ainsi du secrétariat, qui est un terme qu’on entend de moins en moins. « Il fut pourtant un temps où, explique Jean Devillaire, responsable d’agence Axxis [1], le diplômé notaire travaillait en binôme avec sa secrétaire, et les études embauchaient plus facilement des secrétaires ou des assistantes venant de domaines d’activités en dehors du notariat. Maintenant, les profils recrutés sont plus pointus et le plus souvent issus du milieu juridique, et on constate que, de plus en plus souvent, les diplômés notaire gèrent eux-mêmes leurs dossiers de A à Z, sans secrétaire. »
… quand d’autres apparaissent
De nouveaux besoins émergent qui correspondent aux évolutions des marchés et des mentalités. « Un profil qu’on nous demande de plus en plus est un candidat qualifié en immobilier complexe », qui sait gérer les opérations immobilières impliquant du résidentiel et du commercial, ou des problématiques VEFA. La demande de candidats étant très supérieure à l’offre, les études ont donc tendance à faire appel à des cabinets de recrutement parce qu’ils ont du mal à trouver ces profils par leurs propres moyens.
Une autre demande qui s’est développée ces dernières années concerne le poste d’office manager, qui était jusque-là réservé à des grosses structures et qu’on voit arriver dans des études de taille moyenne. « C’est un poste assez proche de celui du secrétaire général d’une entreprise, et qui recouvre plusieurs domaines, notamment en RH, questions sociales, formation. Il offre une certaine autonomie à celui qui l’exerce et traduit une nouvelle manière de gérer les études notariales. »
Pourquoi choisir l’intérim ?
Le point de vue des employés
Du côté des employés, il est fréquent que des personnes fassent le choix de l’intérim à plus ou moins long terme. « On y trouve, indique Françoise Berthelot, dirigeante de l’agence Notarim, ceux qui veulent faire un 4/5è, ce qui est assez mal vu dans les études, ou faire un vrai 35 heures, pour des raisons familiales ou personnelles. L’intérim permet cela parce qu’on y maîtrise son volume horaire ; des gens qui sont en fin de carrière, et qui en ont assez d’être toujours au même endroit ; des retraités qui mettent leurs compétences à profit, tout en bénéficiant de ce que le régime du notariat les autorise à retomber au régime général pour cotiser davantage ; des personnes qui quittent leur étude, parce qu’ils ne s’y trouvent pas suffisamment reconnus, et qui souhaitent essayer plusieurs études avant de s’installer de nouveau pour plus longtemps ; mais aussi des jeunes diplômés qui ressentent le besoin de tourner avant de choisir leur étude, comme une sorte de compagnonnage qui va leur permettre d’expérimenter différentes compétences et différents types de structures. Car on voit parfois les études comme similaires mais, il y a en fait une grande diversité, depuis la petite étude où on touche à tout jusqu’à la grosse étude où l’on est compartimenté et spécialisé. Je m’occupe par exemple d’une grosse étude avec plus de 200 salariés qui prend toujours des intérimaires : ils y font des choses qu’on ne fait nulle part ailleurs, et c’est un vrai acquis pour ceux qui veulent découvrir toutes les facettes du notariat. »
Le point de vue des employeurs
Les raisons qui amènent une étude à recourir à l’intérim sont nombreuses. « Elles ont besoin d’un cadre pour être épaulées sur telle ou telle compétence, ou pour une surcharge de travail que les employés en place ne peuvent pas assumer ; des postes à pourvoir, pour lesquels les études passent par nous pour éviter le recrutement, parce qu’ils ne savent pas ni n’aiment trop recruter. Ils font donc fonctionner l’intérim comme un pré-recrutement, une manière de se tester avant d’envisager un contrat plus sérieux. Pour ces raisons-là, je veille à placer des intérimaires qui vont correspondre à l’esprit de l’étude et à la personnalité du ou des dirigeants, afin que tout le monde y trouve son compte. »
Répondre aux besoins par le télétravail
Pour répondre aux pénuries de travailleurs qualifiés dans certains territoires, le télétravail est une option possible. Encore faut-il l’organiser de manière à répondre aux contraintes propres à la profession notariale en matière de confidentialité et de télétransmission sécurisée. Le cabinet Notarim propose par exemple d’accueillir un pôle de travail à distance, « pour des télétravailleurs qui sont directement connectés sur des études dans les territoires – province et Dom-Tom essentiellement – qui ne parviennent pas à recruter ».
Où trouver des offres, où poster son CV ?
Il existe de nombreux sites d’emploi géénralistes, mais très peu dans le monde du droit et utilisés par les études de notaires. Le principal en audience, nombre d’annonces et CV est Le Village de la Justice [2] Les recruteurs en études de notaires et cabinets de recrutement spécialisés dans le notariat sont très friands en ce moment de CV, donc inscrivez-vous et saisissez votre CV !
Jordan Belgrave
Article initialement publié dans le Journal du Village des Notaires n°73
Notes :
[1] Anciennement Société Européenne de Sélection
[2] Un site édité par Legi Team, tout comme le Village des notaires. Les offres d’emploi pour les notaires sont d’ailleurs relayées sur le présent site.