En tant que notaire, qu’est-ce qui vous a motivé à créer une solution digitale comme Quai des notaires.com ?
C’est d’abord la constatation d’une problématique que je rencontrais au quotidien au sein de mon étude. Les secrétaires et les clercs passaient beaucoup de temps sur la constitution des dossiers, les formalités administratives, à interroger les bases de données pour les documents de demande préalable. Ces tâches sans valeur ajoutée prenaient parfois plus de temps que d’autres, plus centrales. Et malgré ce temps passé, nos clients exprimaient une demande toujours insatisfaite d’avoir davantage d’informations, de transparence et de réactivité.
L’autre motivation a été les évolutions importantes auxquelles nous assistons, notamment suite à la loi Macron : les modes de consommation, les outils à la disposition du notaire, la loi sur les structures d’exercice, l’évolution des conditions d’exercice et des conditions tarifaires, … Dans un environnement où la présence sur internet détermine notre accessibilité, j’ai compris qu’il était nécessaire de créer un outil qui permet au notaire d’être plus visible, plus transparent, plus performant, et qui rende service au notaire et aux collaborateurs.
Comment avez-vous concilié l’activité de votre étude avec l’élaboration d’une telle plateforme ?
Il est effectivement difficile de concilier les deux. D’abord, parce que le décret du 19 décembre 1945 interdit au notaire de s’immiscer dans les affaires. Le projet Quai des Notaires est né dans une transparence totale, et a fait l’objet d’une concertation avec le Conseil supérieur du Notariat. La première création s’est faite sous forme de SPFPL.
Afin que cette solution soit accessible à tout type de notaire, quelle que soit sa structure d’exercice, il a été nécessaire de réfléchir à une autre forme juridique, en lien avec la Chancellerie. Nous avons finalement transformé la SPFPL en SAS, et je me suis retiré. La société a aujourd’hui un président, un directeur opérationnel (Mathieu Cévaër), une directrice du digital et de la communication (Clémence Alexandre), et le capital a été ouvert à 24 nouveaux associés.
La seconde difficulté est de créer un outil qui corresponde aux besoins du métier et à ceux de nos clients. De part ma profession, et de mes 20 années d’expérience dans l’immobilier, j’étais bien placé pour apporter des réponses adaptées à ces besoins. L’objectif est de porter la transformation numérique du notaire pour que demain, quelles que soient les réglementations qui surviendront, il demeure le professionnel de référence et qu’il conserve sa position.
Propos recueillis par Clarisse Andry
Interview initialement publiée dans le Journal du Village des Notaires n°73