L’étude revient sur les deux confinements (printemps et automne) et sonde les notaires ayant accepté de répondre aux questions pour relever leurs ressentis. De cette expérience inédite, ils retirent des ressentis très ambivalents : certains emballés par la nouvelle organisation et ses nouvelles logiques d’activités induites par le confinement, d’autres moins.
Une organisation chamboulée, facteur de stress.
Le stress a été permanent durant ce premier confinement, causé notamment par l’inconnue de cette épidémie et ses conséquences sanitaires et économiques. Les notaires l’ont effectivement ressenti (68 %), avec des causes qui varient : chiffre d’affaires impacté (un tiers du panel), nouvelle organisation (36 %), et contamination possible (22 %).
La fermeture des offices a obligé les professionnels du notariat à s’adapter et à révolutionner leurs habitudes de travail, et ce sur le temps long. Les modalités de travail ont jonglé sur deux options : 71,7 % ont eu recours au chômage partiel ; 72,5 % ont opté pour le télétravail.
Concernant le travail et l’organisation de celui-ci, malgré le confinement, la moitié des sondés ont souhaité conserver un lien avec leurs clients par le biais du téléphone et des mails. Cependant, une part des notaires ont utilisé les nouveaux moyens de communication tels que Whatsapp ou Zoom, ce qui a pu contribuer à brouiller la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle.
Un bilan mitigé concernant le premier confinement.
Le lien social a manqué, c’est évident. 90 % des collaborateurs avaient hâte de revenir dans les études, pour retrouver une forme de normalité. Toutefois, compte tenu de l’évolution de l’épidémie et des rebonds que l’on a connu, le télétravail ne s’est donc pas déclaré vaincu et commence même à prendre sa place dans le paysage de l’organisation du travail (35% du panel se dit favorable à son développement). Il existe tout de même des récalcitrants comme cette notaire du Vaucluse qui souligne les manques du télétravail par-rapport au présentiel : « Les clients ne se satisfont pas du télétravail, ils veulent du présentiel. Quant aux acteurs de l’étude, rien ne remplace le présentiel ! »
Les avis positifs concernant le travail à la maison portent notamment sur un retour à la vie de famille, qui en a contenté certains et qui a même pu leur faire relativiser la valeur qu’ils accordaient à ce travail lequel « n’est pas une fin en soi ». Cette crise leur permet ainsi d’envisager de « faire autre chose, autrement. »
Plus globalement, les notaires ont vu dans ce long épisode, la preuve que le notariat avait les armes pour s’adapter vite et bien à une situation inédite. Un gage de réussite et de réputation vis-à-vis des clients lesquels ne craignent pas de continuer à accorder leur confiance à leurs notaires. Preuve en est le développement et la mise à disposition de nouveaux outils comme l’acte authentique électronique à distance qui fait gagner du temps et permet de dépoussiérer l’image du notariat.
Les instances n’ont pas réagi de manière optimale pour près de la moitié des études : 48 % estiment que les consignes étaient contradictoires et 44 % jugent la communication inadaptée.
Une confiance au beau fixe malgré les incertitudes pour l’avenir.
Un peu plus de cinq mois après ce premier confinement, le gouvernement a procédé à un second confinement (plus souple). Toute la question pour les notaires était d’évaluer la capacité des études et des instances à s’adapter aussi bien voire mieux à cette nouvelle étape dans la lutte contre l’épidémie. Sur le point de l’adaptation psychologique à cette nouvelle série de restrictions, l’étude montre que pour 68 % des notaires interrogés, la préparation était au rendez-vous, certains parlant même d’habitude. Le fait que le lien n’ait été coupé ni avec les collaborateurs ni avec les clients a facilité l’installation de cette confiance en la situation, d’autant que 70 % des notaires sondés ont indiqué être équipés pour travailler en visio-conférence.
Néanmoins, pour les 32 % de notaires ne l’ayant pas vécu aussi bien, ils soulignent les relations tendues avec les clients et le manque de visibilité sur l’avenir. Un notaire du Calvados décrit ainsi un « climat délétère » et une application très hétérogène des directives selon les offices : « chacun applique sa propre ligne d’exécution du travail, d’accueil de la clientèle ». Les situations sont ainsi très contrastées et pour certains des sondés, le risque existe de décrédibiliser la profession avec localement un procès en irresponsabilité. D’autres enfin mettent en avant un objectif économique pour appliquer au maximum le distanciel dans la relation-client et pour toutes les catégories d’actes, au risque de dégrader celle-ci.
Finalement la confiance reste de mise pour 64 % des notaires interrogés qui observent que le notariat s’en sort mieux que d’autres professions, notamment en raison de la nature du notaire en tant qu’officier public et garant d’un service public sur le territoire.
Simon Brenot
Pour la Rédaction du Village des Notaires