La priorité : une épargne de réserve en cas de difficulté
Selon l’étude [1], 72 % des Français estiment que mettre de l’argent de côté est primordial pour assurer leur tranquillité d’esprit en cas de besoins ponctuels ou de difficultés passagères. Ce besoin d’épargne de précaution est suivi de préoccupations telles que :
- la préparation d’une retraite satisfaisante (46 %) ;
- avoir un emploi pour disposer d’un revenu stable (39 %) ;
- voir son épargne croître régulièrement (39 %) ;
- l’accès à la propriété (31 %).
Ces priorités reflètent une culture où la sécurité financière à court et moyen terme est privilégiée, reléguant l’investissement au second plan. En effet, seulement 37 % des personnes interrogées voient l’investissement comme un élément essentiel pour atteindre la sérénité financière, malgré un contexte où 48 % ont déjà investi et 20 % envisagent de le faire. L’intérêt pour l’investissement est particulièrement marqué chez les jeunes, avec 74 % des 25-34 ans s’y intéressant, mais cette dynamique n’efface pas les craintes et hésitations persistantes.
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Complexité et manque de compréhension des produits financiers
L’une des raisons majeures expliquant la réticence des Français à investir réside dans la complexité perçue des produits financiers. L’enquête révèle que 82 % des sondés considèrent cette complexité comme un obstacle majeur à l’investissement, et 77 % avouent ne pas bien comprendre les mécanismes financiers. Cette méconnaissance crée un sentiment d’exclusion, renforçant l’idée que l’investissement est réservé à une élite d’experts. En outre, l’étude met en lumière une disparité entre les sexes : 84 % des femmes se sentent moins à l’aise avec ces notions contre 69 % des hommes. Ce manque de compréhension, associé à une faible culture financière, décourage ainsi une large part de la population à se lancer dans l’investissement, préférant des produits plus simples et tangibles comme l’épargne classique ou l’immobilier.
Aversion au risque et barrières psychologiques
Le risque associé à l’investissement est un autre frein majeur. L’étude montre que 81 % des Français craignent de perdre l’intégralité de leur capital, ce qui explique en partie leur réticence à placer leurs économies dans des produits financiers. Cette aversion au risque est exacerbée par l’idée que l’investissement nécessite des sommes importantes, évaluées en moyenne à 8 721 euros, un montant jugé élevé par la majorité. En outre, la perception que d’autres frais (les dépenses courantes ou de loisirs) sont davantage prioritaires freinent également la démarche d’investissement : 60 % des répondants partagent ce sentiment. Cette perception est plus ancrée chez les femmes, avec 65 % d’entre elles jugeant difficile d’investir contre 55 % des hommes. Les barrières psychologiques, telles que la peur de l’échec et la complexité des produits, se combinent ainsi pour créer un environnement où l’investissement est vu comme un risque non maîtrisé plutôt qu’une opportunité de croissance.
Ainsi, malgré un taux d’épargne élevé, les Français restent frileux vis-à-vis de l’investissement, freinés par une combinaison de priorités axées sur la recherche de sécurité à court terme, une méconnaissance des produits financiers et une aversion au risque profondément ancrée. Pour lever ces obstacles, il serait crucial de simplifier l’accès aux produits financiers et de mieux éduquer le grand public sur les mécanismes de l’investissement.
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Notes :
[1] Sondage réalisé du 24 au 31 mai 2024 par OpinionWay pour BlackRocksur un échantillon de 2019 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Ferroudja Saidoun
Village des Notaires - Experts du Patrimoine